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ATTRIBUÉES À VILLON.

Ilz se boutèrent, c’est le cas,
A l’enseigne du Plat d’estaing,
Où ilz repeurent par compas,
Car ilz en avoient grant besoing.

Quant ce vint à l’escot compter,
Je crois que nully ne s’en cource ;
Mais le beau jeu est au payer,
Quant il n’y a denier en bourse.
Nul d’eulx n’avoit chère rebourse :
« Pour de l’escot venir au bout,
Dist ung gallant, de plaine source,
Il n’en faut qu’ung pour payer tout. »

Ilz appointèrent tous ensemble,
Que l’ung d’iceulx on banderoit :
Par ainsi, selon qui me semble,
Le premier qu’il empoigneroit,
Estoit dit que l’escot payeroit.
Mais ilz en eurent grand discord :
Chascun bandé estre vouloit,
Dont ne peurent estre d’accord.

Le varlet, voyant ces desbas,
Leur dit : « Nul de vous ne s’esmoye ;
Je suis content que, par compas,
Tout maintenant bandé je soye. »
Les gallans en eurent grand joye,
Et le bandèrent en ce lieu,
Puis chascun d’eux si print la voye
Pour s’en aller sans dire adieu.

Le varlet, qui estoit bandé,
Tournoyoit parmy la maison.