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ATTRIBUÉES À VILLON.

Et eurent du vin, Dieu sçait quel !
Il ne le fault point demander.
Quand ce vint à l’escot compter
L’hostesse assez hault comptoit,
Mais au seigneur il n’en challoit,
Feignant qu’il fust tout plain d’argent.
Lors il dist qu’on fust diligent
De penser à faire les litz,
Car il vouloit en ce logis
Coucher ; puis après, par exprès,
Il print son grand sac à procès,
Et le bailla léans en garde,
Disant : « Qu’on me le contregarde.
Si de l’argent voulez avoir,
Il ne faut que le demander. »
L’hostesse ne fut pas ingrate,
En disant : « Je n’en ay pas haste.
N’espargnez rien qui soit céans. »
Ces seigneurs couchèrent léans
L’espace de cinq ou six moys,
Sans payer argent, toutesfoys,
Non obstant ce qu’il demandoit
A l’hostesse s’elle vouloit
Avoir de l’argent, bien souvent ;
Mais il n’estoit point bien content
De mettre souvent main en bourse.
L’hostesse n’estoit point rebourse,
Et dist : « Ne vous en soucyez ;
Dieu mercy ! j’ay argent assez,
A vostre bon commandement. »
Ces mignons pensèrent comment
Ilz pourroyent retirer leur sac ;
Et lors monsieur de Penessac
Dist à ce baron de Combraye