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ATTRIBUÉES À VILLON.

Il n’y a guère que j’avoye
Bien desjuné ; mais, toutesfoys,
Si ai-je disné maintes foys
Que n’avoye pas tel appetit. »

Ce seigneur menga ung petit,
Car il n’avoit guère d’argent,
Commendant qu’on fust diligent
D’avoir quelque chose de bon,
Pour son soupper : ung gras chapon ;
Car il pensoit bien que, le soir,
Il devoit avec luy souper
Des gentilzhommes de la cour.

L’hostesse fut bien à son gourt,
Car, quand vint à compter l’escot,
Le seigneur ne dist oncques mot,
Mais tout ce qu’elle demanda
Ce gentilhomme luy bailla,
Disant : « Vous comptez par raison ! »
Puis il sortit de la maison,
Bouta son sac soubs son esselle,
Et vint raconter la nouvelle
À ses compaignons, et comment
Il failloit faire saigement.
Il fut dit, à peu de parolles,
Pour eviter grans monopolles,
Que le seigneur de Penessac
Yroit devant louer l’estat
Et blasonner la suffisance
De ce seigneur, car, sans doubtance,
La chose le valoit très bien,
Et, pour trouver meilleur moyen,
Il menroit en sa compaignie,