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POÉSIES

Plus rusé estoit qu’ung vieil rat,
Et affamé comme un vieil loup,
Avec monsieur de Penessac,
Et le seigneur de Lamesou.

Les troys seigneurs s’entretrouvèrent,
Car ilz estoyent tous d’ung quartier
Et Dieu sçait s’ilz se saluèrent.
Ainsi qu’il en estoit mestier ;
Toutesfoys, ce bon escuyer
De Combraye, propos final,
Fut esleu leur grant conseillier,
Et le gouverneur principal.

Ils conclurent, pour le meilleur,
Que ce bon notable seigneur
Yroit veoir s’il pourroit trouver
Quelque bon lieu pour s’y loger,
Et, selon qu’il le trouveroit,
Aux aultres le raconteroit.

Or advint, environ midy,
Qu’il estoit de faim estourdy,
S’en vint à une hostelletie,
Rue de la Mortellerie,
Où pend l’enseigne du Pestel :
À bon logis et bon hostel,
Demandant s’on a que repaistre :
« Ouy, vrayment, ce dist le maistre ;
Ne soyez de rien en soucy,
Car vous serez très bien servy
De pain, de vin et de viande.
— Pas grand chose je ne demande,
Dist le bon seigneur de Combraye :