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ATTRIBUÉES À VILLON.

Le principal ambassadeur
Aymoit un peu le bas mestier,
Dont le gallant fut à honneur,
Car c’estoyt quasi son mestier,
Et luy conta que, à son quartier,
Avoit de femmes largement,
Qui estoyent, s’il estoit mestier,
A son joly commandement.

Le gallant fut entretenu
Par ce seigneur venu nouveau,
Et léans il fut retenu,
Pour estre fin franc macquereau.
Le jeu leur sembla si très beau ;
Aussi, il fit si bonne mine,
Qu’il fut esleu, sans nul appeau,
Pour estre varlet de cuysine.

Les ambassadeurs convoyèrent
Seigneurs et bourgeois à disner,
Lesquels voulentiers y allèrent
Passer temps, point n’en faut doubter.
Toutesfoys, vous debvez sçavoir,
Quelque chose que je vous dye,
Que l’ambassadeur, pour tout veoir,
Craignoit moult fort l’Epidemie.

Ce gallant en fut adverty,
Qui nonobstant fist bonne mine,
Et quand il fut près de midi,
A l’heure qu’il est temps qu’on disne,
Il entra dedans la cuysine,
Manyant toute la viande,