Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XVIII
PRÉFACE.

la brièveté incisive du trait et la plénitude du sens, la souplesse capricieuse et la fougue violente, la qualité contemporaine et l’éternelle humanité. Il faut aller jusqu’à Rabelais pour trouver un maître qu’on puisse lui comparer, et qui écrive le français avec la science et l’instinct, avec la pureté et la fantaisie, avec la grâce délicate et la rudesse souveraine que l’on admire dans Villon, et qu’il a seul parmi les gens de son temps… »

On ne connaît certainement pas la totalité des œuvres de Villon, du moins sous son nom. Il est évident que le Petit Testament n’est pas son coup d’essai. Lors de son second procès, en 1457, il était probablement connu par d’autres compositions. Sans cela, il est douteux que Charles d’Orléans fût intervenu en sa faveur, et que le Parlement lui eût fait grâce de la vie. Lorsqu’il composa le Grand Testament, il y fit entrer quelques pièces qui n’en faisaient pas nécessairement partie, mais qui s’y rattachaient assez naturellement. On n’y trouve pas une ballade, pas un rondeau composés antérieurement au Petit Testament. Villon ne paraît pas avoir été très-soucieux de recueillir ses œuvres. La plupart sont sans doute perdues ; d’autres sont disséminées dans des recueils manuscrits ou imprimés où il n’est pas facile de les reconnaître, soit parce qu’elles ne portent pas de nom d’auteur, soit parce qu’elles sont attribuées à d’autres. On ne connaît pas de manuscrit qui contienne tout ce qu’on sait positivement lui appartenir. Les premières éditions, qui furent faites sans son concours et probablement après sa mort, ne contiennent que le Grand et le Petit Testament, le Jargon, et un petit nombre de pièces détachées. Jean de Calais, l’éditeur présumé du Jardin de plaisance, dont la première édition est de 1499 ou de 1500, s’acquitta fort mal des fonctions d’exécuteur testamentaire que Villon lui avait confiées, si tant est