Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
POÉSIES

D’avoir marée à grant foyson,
Pour gaudir et faire grant chère.
C’estoit la mère nourricière
De ceulx qui n’avoyent point d’argent ;
À tromper devant et derrière,
Estoit ung homme diligent.

La manière d’avoir des Trippes pour dîner.

Que fist-il ? À bien peu de plet,
S’advisa de grant joncherie :
Il fist laver le cul bien net
A ung gallant, je vous affie,
Disant : « Il convient qu’on espie :
Quand seray devant la trippière,
Monstre ton cul par raillerie,
Puis, après, nous ferons grant chière. »

Le compaignon ne faillit pas,
Foy que doy sainct Remy de Rains !
À Petit-Pont vint par compas,
Son cul descouvrit jusque aux rains.
Quand maistre Françoys vit ce train,
Dieu sçet s’il fit piteuses lippes,
Car il tenoit entre ses mains
Du foye, du polmon et des trippes.

Comme s’il fust plain de despit,
Et courroucé amèrement,
Il haulsa la main ung petit,
Et le frappa bien rudement,
Des trippes, par le fondement ;
Puis, sans faire plus long caquet,