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ATTRIBUÉES À VILLON.

Ainsi parloyent les compaignons
Du bon maistre Françoys Villon,
Qui n’avoient vaillant deux ongnons,
Tentes, tapis, ne pavillon.
Il leur dit : « Ne nous soucion,
Car, aujourd’huy, sans nul deffault,
Pain, vin, et viande, à grant foyson,
Aurez, avec du rost tout chault. »

La manière d’avoir du Poisson.

Adoncques il leur demanda
Quelles viandes vouloyent macher :
L’ung de bon poysson souhaita ;
L’autre demanda de la chair.
Maistre Françoys, ce bon archer,
Leur dist : « Ne vous en souciez ;
Il vous faut voz pourpointz lascher,
Car nous aurons viandes assez. »

Lors partit de ses compaignons,
Et vint à la Poyssonnerie,
Et les laissa delà les pontz,
Quasy plains de melencolie.
Il marchanda, à chere lye,
Ung pannier tout plain de poysson,
Et sembloit, je vous certiffie, ·
Qu’il fust homme de grant façon.

Maistre Françoys fut diligent
D’achapter, non pas de payer,
Et dist qu’il bailleroit l’argent
Tout comptant au porte-pannier.
Ils partent sans plus plaidoyer,
Et passèrent par Nostre-Dame,