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POÉSIES

Pour congnoistre les fictions,
Qui se font souvent à Paris.

Pource que chacun maintenoit
Que c’estoit la ville du monde
Qui plus de peuple soustenoit,
Et où maintz estranges abonde,
Pour la grant science parfonde
Renommée en icelle ville,
Je partis, et veulx qu’on me tonde,
S’à l’entrée avois croix ne pille.

Il estoit temps de se coucher,
Et ne sçavoye où heberger ;
D’ung logis me vins approcher,
Sçavoir s’on m’y vouldroit loger,
En disant : « Avez à menger ? »
L’hoste me respondit : « Si ay. »
Lors luy priay, pour abréger :
« Apportez-le donc devant moy. »
 
Je fus servy passablement,
Selon mon estat et ma sorte,
Et pensant, à part moy, comment
Je cheviroye avec l’hoste,
Je m’avisé que, soubz ma cotte,
Avois une espée qui bien trenche :
Je la lairray, qu’on ne me l’oste,
En gaige de la repeue franche.

L’espée estoit toute d’acier,
Il ne s’en failloit que le fer ;
Mais l’hoste la me fist machier,