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POÉSIES

Je la vous rens, et mon espée,
Et faictes prier Dieu pour moy.
Je vous laisse, sur vostre foy,
Ung vœu que je doibs à sainct Jacques.
Pour le faire, prendrez mon jacques,
Et ma ceinture et mon cornet.

(À part.)

Tu meurs bien maulgré toy, Pernet,
Voire maulgré toi et à force !

(Au public.)

Puis qu’endurer fault et à force,
Priez pour l’ame, s’il vous plaist,
Du Franc Archier de Baignolet,
Et m’escripvez, à ung paraphe,
Sur moy ce petit epitaphe :

Cy gist Pernet le Franc Archier,
Qui cy mourut sans desmarcher,
Car de fuyr n’eut onc espace,
Lequel Dieu, par sa saincte grace,
Mette ès cieulx, avecques les ames
Des francs archiers et des gens d’armes,
Arrière des arbalestriers.
Je les hay tous : ce sont meurdriers !
Je les congnois bien de pieça.
Et mourut l’an qu’il trespassa.

Velà tout ; les mots sont très beaux.
Or, vous me lairrez mes houseaulx,
Car, se j’alloye en paradis
À cheval, comme fist jadis
Sainct Martin, et aussi sainct George,