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ATTRIBUÉES A VILLON.

Pour bien pourbondir un cheval
Il faisoit feu et voire flambe.
Mais je lui trenchay une jambe,
D’ung revers, jusques à la hanche ;
Et fis ce coup-là ung dimenche,
Que dy-je ? ung lundy matin.
Il ne s’armoit que de satin,
Tant craignoit à grever ses reins.
Voulentiers frappoit aux chanfrains
D’ung cheval, quand venoit en jouste,
Ou droit à la queue, sans doubte.
Point il ne frappoit son roussin,
Pource qu’il avoit le farcin,
Que d’ung baston court et noailleux,
Dessus sa teste et ses cheveulx,
De paour de le faire clocher.
Aussi, de paour de tresbucher,
Il alloit son beau pas, tric, trac,
Et ung grant panon de bissac
Voulentiers portoit sur sa teste.
D’ung tel homme fault faire feste
Autant que d’ung million d’or.
Gens d’armes ! c’est ung grant tresor ;
S’il vault riens il ne fault pas dire.
J’ay fait raige avecques La Hire :
Je l’ay servy trestout mon aage.
Je fus gros vallet, et puis page,
Archier, et puis je pris la lance,
Et la vous portoye sur la panse,
Tousjours troussé comme une poche.
Et puis, monseigneur de la Roche,
Que Dieu pardoint, me print pour paige.
J’estoye gent et beau de visaige,
Je chantoye et brouilloye des flustes,