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POÉSIES

Il porte deux pierres jumelles,
Mon couillart : jamais n’en a meins.
Et dames de joindre les mains,
Quand ilz virent donner l’assault.
Les ungs se servoyent du courtault
Si dru, si net, si sec que terre.
Et puis, quoy ? parmy ce tonnerre,
Eussez ouy sonner trompilles,
Pour faire dancer jeunes filles
Au son du courtault, haultement.
Quand j’y pense, par mon serment !
C’est vaine guerre qu’avec femmes ;
J’avoye toujours pitié des dames.
Veu qu’ung courtault tresperce ung mur,
Ilz auroyent le ventre bien dur,
S’il ne passoit oultre… Pensez
Qu’on leur eust faict du mal assez,
Se l’en n’eust eu noble couraige ;
Mesmes ces pehons de villaige,
J’entens pehons de plat pays,
Ne se fussent point esbahis
De leur mal faire ; mais nous sommes
Tousjours, entre nous gentilz hommes,
Au guet dessus la villenaille.
J’estoye pardeça la bataille,
Tousjours la lance ou la bouteille
Sur la cuisse : c’estoit merveille,
Merveille de me regarder.
Il vint ung Breton estrader,
Qui faisoit rage d’une lance ;
Mais il avoit, de jeune enfance,
Les reins rompus ; c’estoit dommaige.
Il vint tout seul, par son oultraige,
Estrader par mont et par val ;