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ATTRIBUÉES A VILLON.

Du costé devers la prairie,
De nos gens, qui crioient trestous,
Disant : « Pierre, que faictes-vous ?
N’assaillez pas la basse court
Tout seul ! » je l’eusse prins tout court,
Certes ; mais c’eust esté outraige.
Et se ce n’eust esté ung paige
Qui nous vint trencher le chemin,
Mon frère d’armes Guillemin
Et moy, Dieu lui pardoint, pourtant !
Car, quoy ? il nous en pend autant
À l’œil, eussions, sans nulle faille,
Frappé au travers la bataille
Des Bretons ; mais nous apaisames
Nos couraiges et recullames…
Que dy-je ? non pas reculer,
Chose dont on ne doibt parler…
Ung rien, jusque au Lyon d’Angiers.
Je ne craignoye que les dangiers,
Moy ; je n’avoye paour d’aultre chose.
Et quand la bataille fut close,
D’artillerie grosse et gresle
Vous eussez ouy, pesle-mesle :
Tip, tap, sip, sap, à la barrière,
Aux esles, devant et derrière.
J’en eus d’ung parmy la cuirace.
Les dames qu’estoient en la place
Si ne craignoyent que le couillart.
Certes, j’estoye ung bon paillart ;
J’en avoye ung si portatif,
Se je n’eusse esté si hastif
De mettre le feu en la pouldre,
J’eusse destruit et mis en fouldre,
Tout quanqu’avoit de damoiselles.