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POÉSIES

Mais je m’escriay : « Saincte Barbe !
Vueille-moy ayder à ce coup,
Et je t’ayderay l’autre coup ! »
Adonc le canon m’esbranla,
Et vint ceste fortune-là
Quand nous eusmes le fort conquis.
Le Baronnet et le Marquis,
Craon, Cures, l’Aigle et Bressoire,
Accoururent pour veoir l’histoire ;
La Rochefouquault, l’Amiral,
Aussi Beuil et son attirail,
Pontièvre, tous les capitaines,
Y deschaussèrent leurs mitaines
De fer, de paour de m’affoler,
Et si me vindrent acoler
A terre, où j’estoye meshaigné,
De paour de dire : « Il n’a daigné ! »
Combien que je fusse malade,
Je mis la main à la salade,
Car el m’estouffoit le visaige.
« Ha ! dist le Marquis, ton oultraige
Te fera une foys mourir ! »
Car il m’avoit bien veu courir,
Oultre l’ost, devant le chasteau.
Hélas ! j’y perdy mon manteau,
Car je cuidoye d’une poterne
Que ce fust l’huys d’une taverne.
Et moy tantost de pietonner,
Car, quand on oyt clarons sonner,
Il n’est courage qui ne croisse.
Tout aussitost : « Où esse ? Où esse ? »
Et, à brief parler, je m’y fourre,
Ne plus ne moins qu’en une bourre.
Si ce n’eust esté la brairie