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ATTRIBUÉES A VILLON.
ENVOI.

Que voulez-vous que je vous die ?
Il n’est parler que gracieulx,
Ne louer gens qu’après leur vie,
Ne chère que d’homme joyeulx.


XVII. BALLADE MORALE.

D’une dague forte et aigüe
Soit-il frappé parmy l’eschine,
Et ait tousjours une sansue
Attachée à sa poitrine,
Et attainct d’une coulevrine
Entre le nez et le menton,
Ou qu’en prison vive en famine,
Qui autruy blasme sans raison.

Son giste soit emmy la rue,
Tout nud qluand il fera bruyne,
Sur pel de heriçon pointue,
Couvert d’une clère estamine ;
De vent de bise sa courtine,
Et soit mors d’ung escorpion,
Ou qu’en prison vive en famine,
Qui autruy blasme sans raison.

Sa chair soit detrenchée menue
Plus qu’au moulin n’est la farine,
Ou de gros nerfz soit bien batue,
Ou couche nud sur tas d’espine :
Et affin que plus tost il fine,
Son corps soit remply de poison,