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POÉSIES DIVERSES

Et à charretiers desjeuner,
Et de jeusner la quarantaine ;
Mais, à trestout considérer,
Povres housseurs ont assez peine.



PROBLÈME OU BALLADE
AU NOM DE LA FORTUNE.

Fortune fuz par clercz jadis nommée,
Que toy, Françoys, crie et nomme meurtrière.
S’il y a hom d’aucune renommée
Meilleur que toy, faiz user en plastrière,
Par povreté, et fouyr en carrière,
S’a honte viz, te dois tu doncques plaindre ?
Tu n’es pas seul ; si ne te dois complaindre.
Regarde et voy de mes faitz de jadis,
Maints vaillans homs par moy mors et roidiz,
Et n’eusses-tu envers eulx ung soullon,
Appaise-toy, et mectz fin en tes diz :
Par mon conseil prends tout en gré, Villon !

Contre grans roys je me suis bien armée,
Le temps qui est passé ; car, en arrière,
Priame occis et toute son armée ;
Ne lui valut tour, donjon, ne barrière.
Et Hannibal, demoura-il derrière ?
En Cartaige, par moy, le feiz actaindre ;
Et Scypion l’Affricquain feiz estaindre ;
Julius Cesar au senat je vendiz ;
En Egipte Pompée je perdiz ;