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PRÉFACE.

fondée. Quant au crime commis, il n’était peut-être pas d’une extrême gravité. Les lois étaient sévères, et les compagnons de Villon devaient avoir, comme lui, des antécédents fâcheux.

Quoi qu’il en soit, Villon ne partagea pas leur sort. Il est vrai qu’il ne négligea rien pour se tirer d’affaire : il appela de la sentence, ce qui lui valut quelque répit ; puis, du moins ceci paraît certain, à l’occasion de la naissance d’une princesse qu’il appelle Marie, il implora la protection du père de cette princesse. Cette démarche lui réussit : le prince intercéda pour lui, et le Parlement commua sa peine en celle du bannissement. Villon se montra pénétré de reconnaissance. Il adressa une requête au Parlement, pour lui rendre grâces autant que pour lui demander un délai de trois jours pour quitter Paris, et il composa pour la princesse qui venait de naître des vers pleins de sentiment. M. Prompsault a cru que cette princesse était Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, née le 13 février 1457 ; mais c’était une erreur. M. Auguste Vitu, qui prépare depuis nombre d’années une édition de Villon, a reconnu qu’il s’agissait de Marie d’Orléans, fille du poëte Charles d’Orléans, née le 19 décembre 1457, et M. Campeaux a clairement démontré que cette opinion était fondée.

À partir du moment où Villon quitte Paris, en exécution de l’arrêt du Parlement, nous perdons sa trace jusqu’en 1461. À cette époque nous le trouvons dans les prisons de Meung-sur-Loire, où le détient Thibault d’Aussigny, évêque d’Orléans. Quel nouveau méfait lui reprochait-on ? Ceux qui supposent qu’il avait fabriqué de la fausse monnaie n’ont pas pris garde que la punition de ce crime était exclusivement du ressort des juges séculiers. Dans le Débat du cœur et du corps de Villon, composé dans sa prison, le poëte attribue sa détention à sa folle plaisance.