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VII
PRÉFACE

Les parents de Villon étaient pauvres[1]. Sa mère était illettrée[2] ; son père était vraisemblablement un homme de métier, et peut-être, ainsi que l’a conjecturé M. Campeaux, un ouvrier en cuir, un cordouennier[3].

Poussé par le désir de s’élever au-dessus de la triste condition de ses parents, ou plutôt par ce besoin de savoir qui tourmente les natures comme la sienne, Villon étudia. Il connut les misères de l’état d’écolier pauvre. On n’a pas de renseignements certains sur le genre d’études auquel il se livra ni sur les progrès qu’il y fit. M. Nagel suppose qu’il obtint le grade de maître ès arts, et se fonde surtout sur le legs qu’il fait plus tard, de sa « nomination qu’il a de l’Université » (p. 15). Mais ce legs pourrait bien n’être qu’une plaisanterie, comme tant d’autres. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’obtint pas le grade de maître en théologie, but suprême des études du temps[4].

En ce temps-là, comme plus tard, les étudiants étaient exposés à bien des tentations. Villon n’y sut pas résister. En contact avec des jeunes gens sans préjugés d’aucune sorte et dépourvus d’argent comme lui, il adopta leurs mœurs et façons de vivre. Bientôt il devint leur chef et leur providence[5]. Les Repues franches, singulier monument élevé à sa gloire par quelqu’un de ses disciples, nous font connaître par quelles combinaisons ingénieuses lui et ses compagnons se procuraient les moyens de mener joyeuse vie. Leurs fripon-

  1. V. p. 31, huitain xxxv.
  2. « Oncques lettre ne leuz. » P. 55, v. 22.
  3. Voyez Notes, p. 224.
  4. Voy. Grand Testament, huitains xxxvii (p. 32) et lxxii (p. 52.)
  5. C’estoit la mère nourricière
    De ceux qui n’avoient point d’argent ;
    A tromper devant et derrière
    Estoit un homme diligent. (P. 190.)