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VI
PRÉFACE.

trouvée dans un manuscrit de sa bibliothèque[1], on a mis en doute le lieu de la naissance et jusqu’au nom du poëte. On s’est livré à des conjectures ingénieuses pour concilier les renseignements fournis par lui-même avec les indications de Fauchet, pour expliquer comment il pouvait s’appeler à la fois Corbueil et Villon, être à la fois natif d’Auvers et de Paris. Pour moi, je crois, avec le P. Du Cerceau, Daunou et beaucoup d’autres, qu’on ne doit tenir aucun compte de ce huitain, amplification maladroite de l’épitaphe en quatre vers[2]. Ce n’est pas sur une pareille autorité qu’on peut substituer le nom de Corbueil à celui de Villon, que notre poëte se donne lui-même en vingt endroits de ses œuvres[3].

  1. Voici cette pièce, que j’ai cru devoir rejeter des œuvres de Villon :

    Je suis Françoys, dont ce me poise,
    Nommé Corbueil en mon surnom,
    Natif d’Auvers emprès Pontoise,
    Et du commun nommé Villon.
    Or, d’une corde d’une toise
    Sauroit mon col que mon cul poise,
    Se ne fut un joli appel.
    Le jeu ne me sembloit point bel.

    L’auteur de ce huitain n’a pas compris l’intention comique de ce vers de Villon :

    Né de Paris emprès Pontoise ;

    C’est pourquoi il le fait gravement naître à Auvers, qui est en effet près de Pontoise. Mais une preuve certaine de la composition tardive de cette pièce, c’est qu’on ne trouverait probablement pas dans la seconde moitié du XVe siècle, et certainement pas dans les œuvres de Villon, un huitain dont les rimes soient distribuées comme dans celui-là. Dans tous les huitains de Villon, sans exception, le premier vers rime avec le troisième, le second avec le quatrième, le cinquième et le septième, et le sixième avec le huitième. Les faussaires ne pensent jamais à tout.

  2. Voy. p. 101.
  3. Voy. le Glossaire-Index, au mot Villon.