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teurs disait : Dans tous les magasins, dans toutes les boutiques du pays, les produits anglais et français sont étalés côte à côte avec les nôtres ; ils n’ont payé aucun droit ; les nôtres n’ont reçu aucune protection ; et quelque insignifiants qu’aient été nos premiers essais, quelque restreints qu’aient été nos débouchés, le Gouvernement crut devoir nous refuser une main secourable et nous forcer à aviser pour nous-mêmes. Cependant, en dépit de la terrible concurrence du capital britannique et du goût français, nous avons réussi. L’histoire du dernier siècle n’est pour nous que l’histoire de nos progrès. Malgré tous les obstacles, faibles comme nous sommes, sans aucun port d’expédition que ceux que nous tenons du bon plaisir de nos voisins, nos articles se sont fait jour et se débitent dans les quatre coins du monde. »

Les réflexions se présentent en foule à la lecture de ce rapport. On pourrait demander aux protectionistes : Où sont donc les invasions, les inondations de produits étrangers qui eussent dû tuer le travail national en Suisse ? On pourrait faire bien d’autres questions encore. J’aime mieux laisser à ce précieux document toute la force qu’il porte en lui-même.




14. — QU’EST-CE QUE LE COMMERCE[1] ?


L’argument qu’il est de mode aujourd’hui d’opposer à la liberté des échanges a été porté à la tribune nationale par M. Corne. C’est celui-ci :

« Attendons, afin de pouvoir lutter avec l’étranger à ar-

  1. Courrier français du 1er avril 1846. (N. E.)