dévouement ? Et la France est-elle tellement épuisée d’hommes de mérite, qu’il n’en puisse plus surgir pour répondre aux nécessités du temps et à ses espérances ?
Mais le système protecteur, ajoutez-vous, n’a pas le même caractère en France qu’en Angleterre, et l’Association de Bordeaux a tort de copier la Ligue de Manchester.
Eh ! qui vous dit qu’on veut copier la Ligue ? La Ligue a adopté la tactique qui lui était imposée par le caractère de la lutte qu’elle avait à souvenir ; l’Association fera de même.
Lundi, en sortant de l’assemblée, un monsieur m’accoste et me dit : Je vous ai écouté avec attention, vous avez articulé ces paroles : « Il faut savoir enfin de quel côté est la vérité. Si nous nous trompons, qu’on pousse la protection jusqu’au bout. Si nous sommes dans le vrai, réclamons la liberté, etc., etc. » — Or, Monsieur, cela suppose que liberté et restriction sont incompatibles.
— Il me semble que cela résulte des termes eux-mêmes.
— Vous n’avez donc pas lu le Moniteur industriel ? Il prouve clairement que liberté, protection, prohibition, tout cela s’accommode fort bien ensemble, en vertu de la théorie du bénéfice.
— Quelle est donc cette théorie ?
— La voici en peu de mots. L’homme aspire à consommer. Pour consommer, il faut produire ; pour produire, il faut travailler ; et pour travailler il faut avoir en perspective un bénéfice probable, ou, mieux encore, assuré.
— Fort bien, et la conclusion ?
- ↑ Mémorial bordelais, du 26 février 1846. (N. E.)