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voir un jour ce beau pays, ou du moins c’eût été diminuer ses chances. D’ailleurs, ne pouvant pas causer, tout le charme de voyager ensemble eût été perdu. Ou nous aurions souvent violé la consigne, ce qui nous eût causé des remords ; ou nous l’aurions observée, et ce n’eût pas été sans une lutte pénible et perpétuelle. Quoiqu’il en soit, je vous remercie du fond du cœur ; et si madame Paillottet en a le courage, venez me chercher ce printemps, quand je ne serai plus muet.

Rappelez à de Fontenay mon conseil, je dis plus, ma pressante invitation de faire imprimer son Capital.




Pise, 11 octobre 1850.


…J’ignore combien durera la législation actuelle sur la presse et la signature obligatoire. En attendant voilà, pour nos amis, une bonne occasion de se faire dans la presse une honorable renommée. J’ai remarqué avec plaisir des articles de Garnier, bien traités, bien soignés, et où l’on voit qu’il ne veut pas compromettre l’honneur du professorat. Je l’engage à continuer. Sous tous les rapports, le moment est favorable. Il peut se faire une belle position en répandant une doctrine pour laquelle les sympathies publiques sont prêtes à s’éveiller. — Dites-lui de ma part que, si l’occasion s’en présente, il ne permette ni à M. de Saint-Chamans ni à qui que ce soit d’assimiler ma position à celle de M. Benoist d’Azy dans la question des tarifs. — Il y a ces trois différences essentielles :

1o D’abord, quand il serait vrai que je suis poussé par l’amour de ma province, cela n’est pas la même chose que d’être poussé par l’amour de l’argent.