Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 7.djvu/321

Cette page a été validée par deux contributeurs.

humains sont-ils renfermés dans cette liberté ? Autrefois, ton cœur battait pour l’affranchissement de la pensée et de la parole, encore enchaînées par les entraves universitaires et les lois contre l’association. Tu t’enflammais pour la réforme parlementaire et la séparation radicale de la souveraineté qui délègue et contrôle, de la puissance exécutive dans toutes ces branches. Toutes les libertés se tiennent. Toutes les idées forment un tout systématique et harmonieux ; il n’en est pas une dont la démonstration n’eût servi à démontrer les autres. Mais tu fais comme un mécanicien qui s’évertue à expliquer, sans en rien omettre, tout ce qu’il y a de minutieux détails dans une pièce isolée de la machine. On est tenté de lui crier : Montrez-moi les autres pièces ; faites-les mouvoir ensemble ; elles s’expliquent les unes par les autres…




74. — ANGLOMANIE, ANGLOPHOBIE[1].

Ces deux sentiments sont en présence, et il n’est guères possible, chez nous, de juger l’Angleterre avec impartialité, sans être accusé par les anglomanes d’être anglophobe et par les anglophobes d’être anglomane. Il semble que l’opinion publique exagérant, en France, une ancienne loi de Sparte, nous frappe de mort morale si nous ne nous jetons pas dans une de ces deux extrémités.

Pourtant ces deux sentiments subsistent, ils ont déjà une date ancienne. Donc ils ont leur raison d’être ; car dans le

  1. Cette ébauche est de 1847. L’auteur voulait en faire un chapitre pour la seconde série des Sophismes économiques, qui parut à la fin de l’année.