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présenté quelques considérations auxquelles nous espérons que vous nous permettrez de répondre.

Cette Association annonce avoir consulté un grand nombre d’assemblées, et elle a eu, dit-elle, la satisfaction de les voir presque toutes se prononcer en faveur du principe de la protection.

Est-ce une raison pour que vous vous prononciez dans le même sens ? Ce que vous êtes appelés à exprimer, ce n’est pas l’opinion d’autrui, mais la vôtre. Le résultat de semblables enquêtes serait bien illusoire, si chaque conseil général, renonçant à penser pour lui-même, se bornait à rechercher quel a été l’avis des autres conseils, afin d’y conformer le sien.

Or, Messieurs, quand nous voyons les énormes dépenses auxquelles notre pays se soumet pour faciliter ses échanges par les chemins de fer, nous ne pouvons pas croire que l’assemblée qui représente la capitale du monde civilisé consente à émettre un vote favorable au principe de la restriction des échanges.

Un vote contre les chemins de fer serait certainement plus conséquent à ce principe. Car si l’introduction de produits étrangers doit nuire à la richesse du pays, mieux vaut ne pas favoriser cette introduction que de lui créer d’abord de dispendieuses facilités pour lui opposer ensuite de dispendieux obstacles.

Messieurs, nous vous prions d’examiner surtout la question au point de vue de la justice. Est-il juste, par exemple, que les propriétaires français jouissent d’un privilége, dans quelque mesure que ce soit, pour la vente de leur blé ? Posséder le sol, c’est déjà pour eux un grand avantage, et ne devraient-ils pas s’en contenter ? Quand une rare population s’établit dans un pays où, comme aux États-Unis, la terre surabonde et n’a pas de valeur, chacun en prend autant qu’il en peut cultiver. Si quelques hommes exercent d’autres