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réponde à la plus grande somme possible d’importations ; et voilà pourquoi notre maxime est : Laissez à chacun la faculté d’aller acheter là où les produits sont à meilleur marché, et vendre là où ils sont le plus chers ; car évidemment c’est le moyen de donner le moins pour recevoir le plus possible.

C’est, du reste, sur ce dernier principe, que tous les hommes agissent naturellement et instinctivement, quand la loi ne vient pas les contrarier.

Je ne rechercherai pas lequel de ces deux systèmes diamétralement opposés est dans la vérité économique, je me bornerai à montrer leur relation avec l’esprit de guerre et l’esprit de paix, quel est celui qui renferme un levain d’universel antagonisme, et celui qui contient le germe de la fraternité humaine.

Le premier, ai-je dit, se résume ainsi : importer peu ; exporter beaucoup.

Pour atteindre l’un de ces résultats, importer peu, il a les lois restrictives. Il charge des corps armés, sous le nom de douaniers, de repousser les produits étrangers ; et si ce système est bon, nous ne pouvons pas trouver surprenant ni même mauvais que chaque nation en fasse autant.

Reste le complément du système : exporter beaucoup. La chose n’est pas facile. Puisque chaque peuple est occupé de repousser les importations, comment chacun parviendra-t-il à beaucoup exporter ? Il est bien clair que ce qui est exportation pour l’un est importation pour l’autre, et si personne ne veut acheter, il n’y a de vente possible pour personne.

Remarquez que c’est bien là de l’antagonisme, car ne faut-il pas donner ce nom à un ensemble d’efforts qui se font partout en même temps en sens opposé, chacun voyant un bien pour lui, dans la chose même que tous considèrent comme un mal pour eux ? Vous voyez qu’au fond de ce sys-