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dres. Selon quelques lambeaux de correspondance arrangés par l’Impartial avec toute l’impartialité que son titre lui impose, il paraîtrait que Pitt s’empressa de faire du prince un libre-échangiste, et lui montra en perspective la couronne des Pays-Bas, s’il obtenait la liberté absolue du commerce entre la France et l’Angleterre. Le prince écrivit donc à M. de Montémolin : « Je crois la liberté absolue avantageuse aux deux nations, mais je ne crois ni l’une ni l’autre assez éclairées pour adopter ces grands principes. » Cependant il offrait de travailler à un traité qui s’en rapprochait le plus possible.

Or, vous le savez, en langue protectioniste, rendre à deux nations la liberté de troquer, c’est vendre l’une à l’autre. Il est donc clair que Philippe-Égalité était un traître. Cet homme, dit l’Impartial, trahissait la France et méditait de livrer son commerce à l’Angleterre… » et cela pour être fait roi des Pays-Bas.

Comprenez-vous maintenant ? — Quoi donc ? — Comprenez-vous pourquoi Louis-Philippe ne peut être qu’un libre-échangiste ? — Pas le moins du monde. Est-ce que lord Palmerston a aussi promis au roi des Français la couronne des Pays-Bas contre la liberté absolue du commerce ? — L’Impartial ne le dit pas, mais il le faut bien, car, sans cette identité de motifs, comment la feuille rouennaise pourrait-elle conclure de la politique du père à la politique du fils ? — Morbleu ! parlez-moi de l’art de tirer habilement les conséquences des choses[1] !



  1. On a vu, dans un grand nombre des articles qui précèdent, et notamment aux numéros 10 à 12, 14 à 16, 19 à 21, 25, 27, 28, 32 à 36, les premiers efforts de l’auteur pour amener les journaux français à l’étude des vérités économiques, et au respect de la liberté, sous toutes ses formes. La continuation des mêmes efforts est présentée, au tome II, dans les numéros 16 à 29. (Note de l’édit.)