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XXIV

PERFECTIBILITÉ


Que l’humanité soit perfectible ; qu’elle progresse vers un niveau de plus en plus élevé ; que sa richesse s’accroisse et s’égalise ; que ses idées s’étendent et s’épurent ; que ses erreurs disparaissent, et avec elles les oppressions auxquelles elles servent de support ; que ses lumières brillent d’un éclat toujours plus vif ; que sa moralité se perfectionne ; qu’elle apprenne, par la raison ou par l’expérience, l’art de puiser, dans le domaine de la responsabilité, toujours plus de récompenses, toujours moins de châtiments ; par conséquent, que le mal se restreigne sans cesse et que le bien se dilate toujours dans son sein, c’est ce dont on ne peut pas douter quand on a scruté la nature de l’homme et du principe intellectuel qui est son essence, qui lui fut soufflé sur la face avec la vie, et en vue duquel la révélation Mosaïque a pu dire l’homme fait à l’image de Dieu.

Car l’homme, nous ne le savons que trop, n’est pas parfait. S’il était parfait, il ne refléterait pas une vague ressemblance de Dieu, il serait Dieu lui-même. Il est donc imparfait, soumis à l’erreur et à la douleur ; que si, de plus, il était stationnaire, à quel titre pourrait-il revendiquer l’ineffable privilége de porter en lui-même l’image de l’Être parfait ?

D’ailleurs, si l’intelligence, qui est la faculté de comparer,