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tière, l’initiative de chaque mouvement ne peut plus être abandonnée à l’individu ; elle appartient à la société. La communauté seule doit décider de tout, régler tout : éducation, nourriture, salaires, plaisirs, locomotion, affections, familles, etc., etc. — Or la société s’exprime par la loi, la loi c’est le législateur. Donc voilà un troupeau et un berger, — moins que cela encore, une matière inerte et un ouvrier. On voit où mène la suppression de la Responsabilité et de l’individualisme.

Pour cacher cet effroyable but aux yeux du vulgaire, il fallait flatter, en déclamant contre l’égoïsme, les plus égoïstes passions. Le socialisme a dit aux malheureux : « N’examinez pas si vous souffrez en vertu de la loi de Responsabilité. Il y a des heureux dans le monde, et, en vertu de la loi de Solidarité, ils vous doivent le partage de leur bonheur. » Et pour aboutir à cet abrutissant niveau d’une solidarité factice, officielle, légale, contrainte, détournée de son sens naturel, on érigeait la spoliation en système, on faussait toute notion du juste, on exaltait ce sentiment individualiste, — qu’on était censé proscrire, — jusqu’au plus haut degré de puissance et de perversité. Ainsi tout s’enchaîne : négation des harmonies de la liberté dans le principe, — despotisme et esclavage en résultat, — immoralité dans les moyens.




Toute tentative pour détourner le cours naturel de la responsabilité est une atteinte à la justice, à la liberté, à l’ordre, à la civilisation ou au progrès.

À la justice. Un acte ou une habitude étant donnés, les conséquences bonnes ou mauvaises s’ensuivent nécessairement. Oh ! s’il était possible de supprimer ces conséquences, il y aurait sans doute quelque avantage à suspendre la loi naturelle de la responsabilité. Mais le seul résultat au-