Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/608

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ou Dieu n’a pas su nous donner un code social d’attraction, justice, vérité, unité ; dans ce cas il est injuste en nous créant ce besoin sans avoir les moyens de nous satisfaire.

Ou il n’a pas voulu ; et dans ce cas il est persécuteur avec préméditation, nous créant à plaisir des besoins qu’il est impossible de contenter.

Ou il a su et n’a pas voulu ; dans ce cas il est l’émule du diable, sachant faire le bien et préférant le règne du mal.

Ou il a voulu et n’a pas su ; dans ce cas il est incapable de nous régir, connaissant et voulant le bien qu’il ne saura pas faire.

Ou il n’a ni su ni voulu ; dans ce cas il est au-dessous du diable, qui est scélérat et non pas bête.

Ou il a su et voulu ; dans ce cas le code existe, il a dû le révéler, etc. »

Et Fourier est le prophète. Livrons-nous à lui et à ses disciples ; la Providence sera justifiée, la sensibilité changera de nature, et la douleur disparaîtra de la terre.

Mais comment les apôtres du bien absolu, ces hardis logiciens qui vont sans cesse disant : « Dieu étant parfait, son œuvre doit être parfaite, » et qui nous accusent d’impiété parce que nous nous résignons à l’imperfection humaine, — comment, dis-je, ne s’aperçoivent-ils pas que, dans l’hypothèse la plus favorable, ils seraient encore aussi impies que nous ? — Je veux bien que, sous le règne de MM. Considérant, Hennequin, etc., pas un homme sur la surface de la terre ne perde sa mère ou ne souffre des dents, — auquel cas il pourrait lui aussi chanter la litanie : Ou Dieu n’a pas su ou il n’a pas voulu ; — je veux que le mal redescende dans les abîmes infernaux à partir du grand jour de la révélation socialiste ; — qu’un de leurs plans, phalanstère, crédit gratuit, anarchie, triade, atelier social, etc., ait la vertu de faire disparaître tous les maux