Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/578

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vers un état rétrograde ou en les laissant dans une situation stationnaire, mais en les appelant vers un milieu constamment progressif.

Enfin nous avons vu que ni les lois de la Valeur, de l’Intérêt, de la Rente, de la Population, ni aucune autre grande loi naturelle, ne venaient, ainsi que l’assure la science incomplète, introduire la dissonance dans ce bel ordre social, puisqu’au contraire l’harmonie résultait de ces lois.

Parvenu à ce point, il me semble que j’entends le lecteur s’écrier : « Voilà bien l’optimisme des Économistes ! C’est en vain que la souffrance, la misère, le prolétariat, le paupérisme, l’abandon des enfants, l’inanition, la criminalité, la rébellion, l’inégalité, leur crèvent les yeux ; ils se complaisent à chanter l’harmonie des lois sociales, et détournent leurs regards des faits pour qu’un hideux spectacle ne trouble pas la jouissance qu’ils trouvent dans leur système. Ils fuient le monde des réalités pour se réfugier, eux aussi, comme les utopistes qu’ils blâment, dans le monde des chimères. Plus illogiques que les Socialistes, que les Communistes eux-mêmes, — qui voient le mal, le sentent, le décrivent, l’abhorrent, et n’ont que le tort d’indiquer des remèdes inefficaces, impraticables ou chimériques, — les économistes ou nient le mal ou y sont insensibles, si même ils ne l’engendrent pas, en criant à la société malade : « Laissez faire, laissez passer ; tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. »

Au nom de la science, je repousse de toute mon énergie de tels reproches, de telles interprétations de nos paroles. Nous voyons le mal comme nos adversaires, comme eux nous le déplorons, comme eux nous nous efforçons d’en comprendre les causes, comme eux nous sommes prêts à les combattre. Mais nous posons la question autrement qu’eux. La société, disent-ils, telle que l’a faite la liberté du travail et des transactions, c’est-à-dire le libre jeu des lois