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faite des causes perturbatrices qui modifient ces rapports.

Nous croyons que les services s’échangent contre les services ; nous croyons que le grand desideratum, c’est l’équivalence des services échangés :

Nous croyons que la meilleure chance peut arriver à cette équivalence, c’est qu’elle se produise sous l’influence de la Liberté et que chacun juge par lui-même.

Nous savons que les hommes peuvent se tromper ; mais nous savons aussi qu’ils peuvent se rectifier ; et nous croyons que plus l’erreur a persisté, plus la rectification approche.

Nous croyons que tout ce qui gêne la Liberté trouble l’équivalence des services, et que tout ce qui trouble l’équivalence des services engendre l’inégalité exagérée, l’opulence imméritée des uns, la misère non moins imméritée des autres, avec une déperdition générale de richesses, les haines, les discordes, les luttes, les révolutions.

Nous n’allons pas jusqu’à dire que la Liberté — ou l’équivalence des services — produit l’égalité absolue ; car nous ne croyons à rien d’absolu en ce qui concerne l’homme. Mais nous pensons que la liberté tend à rapprocher tous les hommes d’un niveau mobile qui s’élève toujours.

Nous croyons que l’inégalité qui peut rester encore sous un régime libre est ou le produit de circonstances accidentelles, ou le châtiment des fautes et des vices, ou la compensation d’autres avantages opposés à ceux de la richesse ; et que par conséquent elle ne saurait introduire parmi les hommes le sentiment de l’irritation.

Enfin nous croyons que Liberté c’est Harmonie…

Mais pour savoir si cette harmonie existe dans la réalité ou dans notre imagination, si elle est en nous une perception ou une simple aspiration, il fallait soumettre les transactions libres à l’épreuve d’une étude scientifique ; il fallait étudier les faits, leurs rapports et leurs conséquences.