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l’une de son travail accumulé, l’autre de son travail actuel, que cela n’était possible sous la régence.

Si ce double progrès respectif et relatif n’a pas été ce que l’on pourrait désirer, surtout pour la classe ouvrière, il faut se demander s’il n’a pas été plus ou moins retardé par des erreurs, des injustices, des violences, des méprises, des passions, en un mot par la faute de l’Humanité, par des causes contingentes qu’on ne peut confondre avec ce que je nomme les grandes et constantes lois de l’économie sociale. Par exemple, n’y a-t-il pas eu des guerres et des révolutions qui auraient pu être évitées  ? Ces atrocités n’ont-elles pas absorbé d’abord, dissipé ensuite une masse incalculable de capitaux, par conséquent diminué le fonds des salaires et retardé pour beaucoup de familles de travailleurs l’heure de l’affranchissement  ? N’ont-elles pas en outre détourné le travail de son but, en lui demandant, non des satisfactions, mais des destructions ? N’y a-t-il pas eu des monopoles, des priviléges, des impôts mal répartis ? N’y a-t-il pas eu des consommations absurdes, des modes ridicules, des déperditions de force qu’on ne peut attribuer qu’à des sentiments et à des préjugés puérils ?

Et voyez quelles sont les conséquences de ces faits.

Il y a des lois générales auxquelles l’homme peut se conformer ou qu’il peut violer.

S’il est incontestable que les Français ont souvent contrarié, depuis cent ans, l’ordre naturel du développement social ; si l’on ne peut s’empêcher de rattacher à des guerres incessantes, à des révolutions périodiques, à des injustices, des priviléges, des dissipations, des folies de toutes sortes, une déperdition effrayante de forces, de capitaux et de travail ;

Et si, d’un autre côté, malgré ce premier fait bien manifeste, on a constaté un autre fait, à savoir que pendant cette même période de cent ans la classe propriétaire s’est recrutée dans la classe prolétaire, et qu’en même temps