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La valeur du champ est donc doublée. Examinons cette plus-value, au point de vue — de la justice d’abord, — ensuite de l’utilité recueillie, non par le propriétaire, mais par les consommateurs de la ville.

Quant à l’accroissement de valeur provenant des améliorations que le propriétaire a faites à ses frais, pas de doute. C’est un capital qui suit la loi de tous les capitaux.

J’ose dire qu’il en est ainsi de la route. L’opération fait un circuit plus long, mais le résultat est le même.

En effet, le propriétaire concourt, à raison de son champ, aux dépenses publiques ; pendant bien des années, il a contribué à des travaux d’utilité générale exécutés sur des portions éloignées du territoire ; enfin une route a été faite dans une direction qui lui est favorable. La masse des impôts par lui payés peut être assimilée à des actions qu’il aurait prises dans les entreprises gouvernementales, et la rente annuelle, qui lui arrive par suite de la nouvelle route, comme le dividende de ces actions.

Dira-t-on qu’un propriétaire doit toujours payer l’impôt pour n’en jamais rien retirer ?… Ce cas rentre donc dans le précédent ; et l’amélioration, quoique faite par la voie compliquée et plus ou moins contestable de l’impôt, peut être considérée comme exécutée par le propriétaire et à ses frais, dans la mesure de l’avantage partiel qu’il en retire.

J’ai parlé d’une route : remarquez que j’aurais pu citer toute autre intervention gouvernementale. La sécurité, par exemple, contribue à donner de la valeur aux terres comme aux capitaux, comme au travail. Mais qui paye la sécurité ? Le propriétaire, le capitaliste, le travailleur. — Si l’État dépense bien, la valeur dépensée doit se reformer et se retrouver, sous une forme quelconque, entre les mains du propriétaire, du capitaliste, du travailleur. Pour le propriétaire, elle ne peut apparaître que sous forme d’accroissement du prix de sa terre. — Que si l’État dépense mal,