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Et, pour le dire en passant, il n’est pas surprenant que l’individualité, représentée par l’intérêt de l’homme en tant que producteur, s’insurge depuis le commencement du monde contre la Concurrence, qu’elle la réprouve, qu’elle cherche à la détruire, appelant à son aide la force, la ruse, le privilége, le sophisme, le monopole, la restriction, la protection gouvernementale, etc. La moralité de ses moyens dit assez la moralité de son but. Mais ce qu’il y a d’étonnant et de douloureux, c’est que la science elle-même, — la fausse science, il est vrai, — propagée avec tant d’ardeur par les écoles socialistes, au nom de la philanthropie, de l’égalité, de la fraternité, ait épousé la cause de l’Individualisme dans sa manifestation la plus étroite, et déserté celle de l’humanité.

Voyons maintenant agir la Concurrence.

L’homme, sous l’influence de l’intérêt personnel, recherche toujours et nécessairement les circonstances qui peuvent donner le plus de valeur à ses services. Il ne tarde pas à reconnaître qu’à l’égard des dons de Dieu, il peut être favorisé de trois manières : (V. la note de la page 160.)

1° Ou s’il s’empare seul de ces dons eux-mêmes ;

2° Ou s’il connaît seul le procédé par lequel il est possible de les utiliser ;

3° Ou s’il possède seul l’instrument au moyen duquel on peut les faire concourir.

Dans l’une ou l’autre de ces circonstances, il donne peu de son travail contre beaucoup de travail d’autrui. Ses services ont une grande valeur relative, et l’on est disposé à croire que cet excédant de valeur est inhérent à l’agent naturel. S’il en était ainsi, cette valeur serait irréductible. La preuve que la valeur est dans le service, c’est que nous allons voir la Concurrence diminuer l’une en même temps que l’autre.

1° Les agents naturels, les dons de Dieu, ne sont pas ré-