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de faire palpiter les cœurs, on dépouille la Liberté de son prestige en lui arrachant son nom ; et c’est sous le nom de concurrence que la triste victime est conduite à l’autel, aux applaudissements de la foule tendant ses bras aux liens de la servitude.

Il ne suffisait donc pas d’exposer, dans leur majestueuse harmonie, les lois naturelles de l’ordre social, il fallait encore montrer les causes perturbatrices qui en paralysent l’action. C’est ce que j’ai essayé de faire dans la seconde partie de ce livre.

Je me suis efforcé d’éviter la controverse. C’était perdre, sans doute, l’occasion de donner aux principes que je voulais faire prévaloir cette stabilité qui résulte d’une discussion approfondie. Mais l’attention, attirée sur les digressions, n’aurait-elle pas été détournée de l’ensemble ? Si je montre l’édifice tel qu’il est, qu’importe comment d’autres l’ont vu, alors même qu’ils m’auraient appris à le voir ?

Et maintenant je fais appel, avec confiance, aux hommes de toutes les écoles qui mettent la justice, le bien général et la vérité au-dessus de leurs systèmes.

Économistes, comme vous, je conclus à la Liberté ; et si j’ébranle quelques-unes de ces prémisses qui attristent vos cœurs généreux, peut-être y verrez-vous un motif de plus pour aimer et servir notre sainte cause.

Socialistes, vous avez foi dans l’Association. Je vous adjure de dire, après avoir lu cet écrit, si la société actuelle, moins ses abus et ses entraves, c’est-à-dire sous la condition de la Liberté, n’est pas la plus belle, la plus complète, la plus durable, la plus universelle, la plus équitable de toutes les Associations.

Égalitaires, vous n’admettez qu’un principe, la Mutualité