Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montre l’accord des industries, des classes, des nations et même des doctrines ?

Elle est consolante, puisqu’elle signale ce qu’il y a de faux dans les systèmes qui ont pour conclusion le mal progressif.

Elle est religieuse, car elle nous dit que ce n’est pas seulement la mécanique céleste, mais aussi la mécanique sociale qui révèle la sagesse de Dieu et raconte sa gloire.

Elle est pratique, et l’on ne peut certes rien concevoir de plus aisément pratique que ceci : Laissons les hommes travailler, échanger, apprendre, s’associer, agir et réagir les uns sur les autres, puisque aussi bien, d’après les décrets providentiels, il ne peut jaillir de leur spontanéité intelligente qu’ordre, harmonie, progrès, le bien, le mieux, le mieux encore, le mieux à l’infini.

— Voilà bien, direz-vous, l’optimisme des économistes ! Ils sont tellement esclaves de leurs propres systèmes, qu’ils ferment les yeux aux faits de peur de les voir. En face de toutes les misères, de toutes les injustices, de toutes les oppressions qui désolent l’humanité, ils nient imperturbablement le mal. L’odeur de la poudre des insurrections n’atteint pas leurs sens blasés ; les pavés des barricades n’ont pas pour eux de langage ; et la société s’écroulera qu’ils répéteront encore : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. »

Non certes, nous ne pensons pas que tout soit pour le mieux.

J’ai une foi entière dans la sagesse des lois providentielles, et, par ce motif, j’ai foi dans la Liberté.

La question est de savoir si nous avons la Liberté.

La question est de savoir si ces lois agissent dans leur