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Les Économistes auxquels j’ai fait allusion disent : Les grandes lois providentielles précipitent la société vers le mal ; mais il faut se garder de troubler leur action, parce qu’elle est heureusement contrariée par d’autres lois secondaires qui retardent la catastrophe finale, et toute intervention arbitraire ne ferait qu’affaiblir la digue sans arrêter l’élévation fatale du flot.

Les Socialistes disent : Les grandes lois providentielles précipitent la société vers le mal ; il faut les abolir et en choisir d’autres dans notre inépuisable arsenal.

Les catholiques disent : Les grandes lois providentielles précipitent la société vers le mal ; il faut leur échapper en renonçant aux intérêts humains, en se réfugiant dans l’abnégation, le sacrifice, l’ascétisme et la résignation.

Et, au milieu de ce tumulte, de ces cris d’angoisse et de détresse, de ces appels à la subversion ou au désespoir résigné, j’essaye de faire entendre cette parole devant laquelle, si elle est justifiée, toute dissidence doit s’effacer : Il n’est pas vrai que les grandes lois providentielles précipitent la société vers le mal.

Ainsi toutes les écoles se divisent et combattent à propos des conclusions qu’il faut tirer de leur commune prémisse. Je nie la prémisse. N’est-ce pas le moyen de faire cesser la division et le combat ?

L’idée dominante de cet écrit, l’harmonie des intérêts, est simple. La simplicité n’est-elle pas la pierre de touche de la vérité ? Les lois de la lumière, du son, du mouvement, nous semblent d’autant plus vraies qu’elles sont plus simples ; pourquoi n’en serait-il pas de même de la loi des intérêts ?

Elle est conciliante. Quoi de plus conciliant que ce qui