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mal ? Quidquid dixeris argumentabor. » — Je laisse à penser quelle fête[1] !

« Je somme tout économiste sérieux, dit-il, de me dire autrement qu’en traduisant et répétant la question, par quelle cause la valeur décroît à mesure que la production augmente, et réciproquement… En termes techniques, la valeur utile et la valeur échangeable, quoique nécessaires l’une à l’autre, sont en raison inverse l’une de l’autre… La valeur utile et la valeur échangeable restent donc fatalement enchaînées l’une à l’autre, bien que par leur nature elles tendent continuellement à s’exclure. »

« Il n’y a pas, sur la contradiction inhérente à la notion de valeur, de cause assignable ni d’explication possible… Étant donné pour l’homme le besoin d’une grande variété de produits avec l’obligation d’y pourvoir par son travail, l’opposition de valeur utile à valeur échangeable en résulte nécessairement, et de cette opposition, une contradiction sur le seuil même de l’économie politique. Aucune intelligence, aucune volonté divine et humaine ne saurait l’empêcher. Ainsi, au lieu de chercher une explication inutile, contentons-nous de bien constater la nécessité de la contradiction. »

On sait que la grande découverte due à M. Proudhon est que tout est à la fois vrai et faux, bon et mauvais, légitime et illégitime, qu’il n’y a aucun principe qui ne se contredise, et que la contradiction n’est pas seulement dans les fausses théories, mais dans l’essence même des choses et des phénomènes ; « elle est l’expression pure de la nécessité, la loi intime des être, etc. ; » en sorte qu’elle est inévitable et serait incurable rationnellement sans la série et, en pratique, sans la Banque du peuple. Dieu, antinomie ; liberté, antinomie ; concurrence, antinommie ; propriété, antinomie ;

  1. Prenez parti pour la concurrence, vous aurez tort ; prenez parti contre la concurrence, vous aurez encore tort : ce qui signifie que vous aurez toujours raison. » (P.-J. Proudhon, Contradictions économiques, p. 182.)