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pesanteur et la ductilité, et que la nature a pris soin de l’y mettre. J’espère que le lecteur est maintenant convaincu que c’est là un malentendu. Il se convaincra plus tard que c’est un malentendu déplorable.

Il y en a un autre au sujet de l’or ou plutôt de la monnaie. Comme elle est l’intermédiaire habituel dans toutes les transactions, le terme moyen entre les deux facteurs du troc composé, que c’est toujours à sa valeur qu’on compare celle des deux services qu’il s’agit d’échanger, elle est devenue la mesure des valeurs. Dans la pratique cela ne peut être autrement. Mais la science ne doit jamais perdre de vue que la monnaie est soumise, quant à la valeur, aux mêmes fluctuations que tout autre produit ou service. Elle l’oublie souvent, et cela n’a rien de surprenant. Tout semble concourir à faire considérer la monnaie comme la mesure des valeurs au même titre que le litre est la mesure de capacité. — Elle joue un rôle analogue dans les transactions. — On n’est pas averti de ses propres fluctuations parce que le franc, ainsi que ses multiples et ses sous-multiples, conservent toujours la même dénomination. — Enfin l’arithmétique elle-même conspire à propager la confusion, en rangeant le franc, comme mesure, parmi le mètre, le litre, l’are, le stère, le gramme, etc.

J’ai défini la Valeur, telle du moins que je la conçois. J’ai soumis ma définition à l’épreuve de faits très-divers ; aucun, ce me semble, ne l’a démentie ; enfin le sens scientifique que j’ai donné à ce mot se confond avec l’acception vulgaire, ce qui n’est ni un méprisable avantage ni une mince garantie ; car qu’est-ce que la science, sinon l’expérience raisonnée ? Qu’est-ce que la théorie, sinon la méthodique exposition de l’universelle pratique ?

Il doit m’être permis maintenant de jeter un rapide coup d’œil sur les systèmes qui ont jusqu’ici prévalu. Ce n’est pas en esprit de controverse, encore moins de critique, que j’en-