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tenté de croire que cette part est afférente à des agents naturels, au sol lui-même.

Je soutiens que, s’il est habile, il découvrira que c’est encore le prix de services très-réels de même nature que tous les autres. C’est ce qui sera démontré avec la dernière évidence quand nous traiterons de la Propriété foncière. Pour le moment, je ferai remarquer que je ne m’occupe pas ici de la propriété, mais de la valeur. Je ne recherche pas si tous les services sont réels, légitimes, et si des hommes sont parvenus à se faire payer pour des services qu’ils ne rendent pas. Eh ! mon Dieu ! le monde est plein de telles injustices, parmi lesquelles ne doit pas figurer la rente.

Tout ce que j’ai à démontrer ici, c’est que la prétendue Valeur des choses n’est que la Valeur des services, réels ou imaginaires, reçus et rendus à leur occasion ; qu’elle n’est pas dans les choses mêmes, pas plus dans le pain que dans le diamant, ou dans l’eau ou dans l’air ; qu’aucune part de rémunération ne va à la nature ; qu’elle se distribue tout entière, par le consommateur définitif, entre des hommes, et qu’elle ne peut leur être par lui accordée que parce qu’ils lui ont rendu des services, sauf le cas de fraude ou de violence.

Deux hommes jugent que la glace est une bonne chose en été, et la houille une meilleure chose en hiver. Elles répondent à deux de nos besoins : l’une nous rafraîchit, l’autre nous réchauffe. Ne nous lassons pas de faire remarquer que l’Utilité de ces corps consiste en certaines propriétés matérielles, qui sont en rapport de convenance avec nos organes matériels. Remarquons en outre que, parmi ces propriétés, que la physique et la chimie pourraient énumérer, ne se trouve pas la valeur, ni rien de semblable. Comment donc est-on arrivé à penser que la Valeur était dans la matière et matérielle ?

Si nos deux personnages se veulent satisfaire sans se con-