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social, à aucun de ses points de vue, avant d’avoir choisi entre ces deux maximes :

Le profit de l’un est le dommage de l’autre.

Le profit de l’un est le profit de l’autre.

Car, si la nature a arrangé les choses de telle façon que l’antagonisme soit la loi des transactions libres, notre seule ressource est de vaincre la nature et d’étouffer la Liberté. Si, au contraire, ces transactions libres sont harmoniques, c’est-à-dire si elles tendent à améliorer et à égaliser les conditions, nos efforts doivent se borner à laisser agir la nature et à maintenir les droits de la liberté humaine.

Et c’est pourquoi je conjure les jeunes gens à qui ce livre est dédié de scruter avec soin les formules qu’il renferme, d’analyser la nature intime et les effets de l’échange. Oui, j’en ai la confiance, il s’en rencontrera un parmi eux qui arrivera enfin à la démonstration rigoureuse de cette proposition : Le bien de chacun favorise le bien de tous, comme le bien de tous favorise le bien de chacun ; — qui saura faire pénétrer cette vérité dans toutes les intelligences à force d’en rendre la preuve simple, lucide, irréfragable. — Celui-là aura résolu le problème social ; celui-là sera le bienfaiteur du genre humain.

Remarquons ceci en effet : Selon que cet axiome est vrai ou faux, les lois sociales naturelles sont harmoniques ou antagoniques. — Selon qu’elles sont harmoniques ou antagoniques, il est de notre intérêt de nous y conformer ou de nous y soustraire. — Si donc il était une fois bien démontré que, sous le régime de la liberté, les intérêts concordent et s’entre-favorisent, tous les efforts que nous voyons faire aujourd’hui aux gouvernements pour troubler l’action de ces lois sociales naturelles, nous les leur verrions faire pour laisser à ces lois toute leur puissance, ou plutôt ils n’auraient pas pour cela d’efforts à faire, si ce n’est celui