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échange, aggravée des frais de l’échange lui-même, dépasse ou atteint l’effort de la production directe. Dans ces circonstances, si l’on améliore l’appareil de l’échange, si les négociants baissent le prix de leurs concours, si l’on perce une montagne, si l’on jette un pont sur la rivière, si l’on pave une route, si l’on diminue l’obstacle, l’Échange se multipliera, parce que les hommes veulent tirer parti de tous les avantages que nous lui avons reconnus, parce qu’ils veulent recueillir de l’utilité gratuite. Le perfectionnement de l’appareil commercial équivaut donc à un rapprochement matériel des deux villes. D’où il suit que le rapprochement matériel des hommes équivaut à un perfectionnement dans l’appareil de l’échange. — Et ceci est très-important ; c’est là qu’est la solution du problème de la population ; c’est là, dans ce grand problème, l’élément négligé par Malthus. Là où Malthus avait vu Discordance, cet élément nous fera voir Harmonie.

Quand les hommes échangent, c’est qu’ils arrivent par ce moyen à une satisfaction égale avec moins d’efforts, et la raison en est que, de part et d’autre, ils se rendent des services qui servent de véhicule à une plus grande proportion d’utilité gratuite.

Or ils échangent d’autant plus que l’échange même rencontre de moindres obstacles, exige de moindres efforts.

Et l’Échange rencontre des obstacles, exige des efforts d’autant moindres que les hommes sont plus rapprochés. La plus grande densité de la population est donc nécessairement accompagnée d’une plus grande proportion d’utilité gratuite. Elle donne plus de puissance à l’appareil de l’échange, elle met en disponibilité une portion d’efforts humains ; elle est une cause de progrès.

Et, si vous le voulez, sortons des généralités et voyons les faits :

Une rue d’égale longueur ne rend-elle pas plus de services à Paris que dans une ville déserte ? Un chemin de fer