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une multitude de travailleurs, et elles se subdivisent de plus en plus pour le bien commun, à mesure que, la consommation devenant plus active, un acte spécial peut alimenter une industrie nouvelle. Vient ensuite la répartition du produit, qui s’opère suivant le contingent de valeur que chacun a apporté à l’œuvre totale. Si ce n’est pas là de l’association, je demande ce que c’est.

Remarquez qu’aucun des travailleurs n’ayant tiré du néant la moindre particule de matière, ils se sont bornés à se rendre des services réciproques, à s’entr’aider dans un but commun, et que tous peuvent être considérés, les uns à l’égard des autres, comme des intermédiaires. Si, par exemple, dans le cours de l’opération, le transport devient assez important pour occuper une personne, le filage une seconde, le tissage une troisième, pourquoi la première serait-elle regardée comme plus parasite que les deux autres ? Ne faut-il pas que le transport se fasse ? Celui qui le fait n’y consacre-t-il pas du temps et de la peine ? n’en épargne-t-il pas à ses associés ? Ceux-ci font-ils plus ou autre chose que lui ? Ne sont-ils pas tous également soumis pour la rémunération, c’est-à-dire pour le partage du produit, à la loi du prix débattu ? N’est-ce pas en toute liberté, pour le bien commun, que cette séparation de travaux s’opère et que ces arrangements sont pris ? Qu’avons-nous donc besoin qu’un socialiste, sous prétexte d’organisation, vienne despotiquement détruire nos arrangements volontaires, arrêter la division du travail, substituer les efforts isolés aux efforts associés et faire reculer la civilisation ?

L’association, telle que je la décris ici, en est-elle moins association, parce que chacun y entre et sort librement, y choisit sa place, juge et stipule pour lui-même sous sa responsabilité, et y apporte le ressort et la garantie de l’intérêt personnel ? Pour qu’elle mérite ce nom, est-il nécessaire qu’un prétendu réformateur vienne nous imposer sa for-