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quoi le capital de la Banque y est-il intervenu ? En quoi la garantie y paraît-elle ?

Vous pouvez déjà, par ce simple aperçu, juger combien est fausse votre proposition n° 3, suivant laquelle : baisse d’intérêt suppose augmentation corrélative de capitaux. Rien n’est plus faux que cette proposition : il est démontré, au contraire, par la théorie et par la pratique de toutes les banques, qu’une banque peut très-bien tirer un intérêt de 4 pour 100 de ses capitaux en mettant à 3 pour 100 le taux de ses escomptes : nous verrons tout à l’heure qu’elle peut descendre beaucoup plus bas.

Pourquoi donc la Banque, qui, avec 90 millions de capital, émet, par hypothèse, pour 112 millions de billets ; qui, par conséquent, opère, à l’aide du crédit public, comme si son capital s’était accru de 90 millions à 112 ; pourquoi, dis-je, ne réduit-elle pas ses escomptes dans la même proportion ? Pourquoi cet intérêt de 4 pour 100, encaissé par la Banque, pour loyer d’un capital qui n’est pas le sien ? Me donnerez-vous une raison qui justifie ce trop perçu de 1 pour 100 sur 112 millions ? Quant à moi, monsieur,

J’appelle un chat un chat, et Rollet un fripon,

et je dis tout uniquement que la Banque vole.

Mais ceci n’est rien.

Tandis que la Banque de France émet, en place d’écus, des billets, une partie de ses recouvrements continue à s’opérer en numéraire : en sorte que, le capital de fondation restant toujours le même, 90 millions, l’encaisse, soit le montant des espèces présentes à la Banque, s’élève progressivement à 100, 200, 300 millions : il est aujourd’hui de 431 millions !

Cette accumulation d’espèces, dont certaines gens ont la manie de s’affliger, est le fait décisif qui anéantit la théorie