Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/411

Cette page a été validée par deux contributeurs.
401
PROPRIÉTÉ ET SPOLIATION.

pour tous, si je prouve que la propriété non-seulement laisse à ce qu’on nomme les prolétaires l’usufruit gratuit des agents naturels, mais encore décuple et centuple cet usufruit. J’ose espérer qu’il sortira de cette démonstration la claire vue de quelques harmonies propres à satisfaire l’intelligence et à apaiser les prétentions de toutes les écoles économistes, socialistes et même communistes[1].


Deuxième lettre.


Quelle inflexible puissance que celle de la Logique !

De rudes conquérants se partagent une île ; ils vivent de Rentes dans le loisir et le faste, au milieu des vaincus laborieux et pauvres. Il y a donc, dit la Science, une autre source de valeurs que le travail.

Alors elle se met à décomposer la Rente et jette au monde cette théorie :

« La Rente, c’est, pour une partie, l’intérêt d’un capital dépensé. Pour une autre partie, c’est le monopole d’agents naturels usurpés et confisqués. »

Bientôt cette économie politique de l’école anglaise passe le détroit. La Logique socialiste s’en empare et dit aux travailleurs : Prenez garde ! dans le prix du pain que vous mangez, il entre trois éléments. Il y a le travail du laboureur, vous le devez ; il y a le travail du propriétaire, vous le devez ; il y a le travail de la nature, vous ne le devez pas. Ce que l’on vous prend à ce titre, c’est un monopole, comme dit Scrope ; c’est une taxe prélevée sur les dons que Dieu vous a faits, comme dit Senior.

La Science voit le danger de sa distinction. Elle ne la re-

  1. Voy. à la fin de cet opuscule, la réclamation que provoqua cette première lettre de la part de M. Considérant, et la réponse de F. Bastiat. (Note de l’éditeur.)