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lutte désordonnée, capricieuse, et s’exposer à de perpétuelles redites.

Combien je préférerais dire simplement comment les choses sont, sans m’occuper de mille aspects sous lesquels l’ignorance les voit !… Exposer les lois selon lesquelles les sociétés prospèrent ou dépérissent, c’est ruiner virtuellement tous les sophismes à la fois. Quand Laplace eut décrit ce qu’on peut savoir jusqu’ici du mouvement des corps célestes, il dissipa, sans même les nommer, toutes les rêveries astrologiques des Égyptiens, des Grecs et des Hindous, bien plus sûrement qu’il n’eût pu le faire en les réfutant directement dans d’innombrables volumes. — La vérité est une ; le livre qui l’expose est un édifice imposant et durable :

Il brave les tyrans avides,
Plus hardi que les Pyramides
Et plus durable que l’airain.

L’erreur est multiple et de nature éphémère ; l’ouvrage qui la combat ne porte pas en lui-même un principe de grandeur et de durée.

Mais si la force et peut-être l’occasion[1] m’ont manqué pour procéder à la manière des Laplace et des Say, je ne puis me refuser à croire que la forme que j’ai adoptée a aussi sa modeste utilité. Elle me semble surtout bien proportionnée aux besoins du siècle, aux rapides instants qu’il peut consacrer à l’étude.

Un traité a sans doute une supériorité incontestable, mais

  1. Nous avons fait remarquer, à la fin du chap. iv, qu’il contient le germe très-apparent des doctrines développées dans les Harmonies économiques. Ici maintenant se manifeste, de la part de l’auteur, le désir et l’intention d’écrire ce dernier ouvrage, à la première occasion favorable. (Note de l’éditeur.)