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qui leur crèvent les yeux, comment les fermiers peuvent-ils aller quereller sir Robert Peel, et chercher dans son tarif la cause de leur adversité ? Au dernier meeting de Waltham, le duc de Rutland a essayé de nier cette dépréciation. Il a eu tort ; elle est réelle, et nous ne devons pas méconnaître les souffrances des fermiers, mais leur en montrer les vraies causes. — Il peut paraître étrange que ce soit moi qui vienne ici exonérer sir Robert des reproches que lui adressent ses propres amis. Nous ne sommes pas plus opposés à sir Robert Peel qu’à tout autre ministre. Nous ne sommes pas des hommes de parti, et s’il se rencontre des partis politiques, qu’ils s’intitulent whigs ou torys, qui s’efforcent d’attribuer à sir Robert des maux résultant de la mauvaise politique commerciale adoptée par toutes les administrations successives qui ont dirigé les affaires de ce pays, il est de notre devoir de rendre justice à sir Robert Peel lui-même, et de remettre les fermiers sur la bonne voie. (Applaudissements.)

L’orateur décrit ici la détresse des villes manufacturières et continue ainsi :

On s’en prend encore, de nos souffrances, au tarif récemment adopté par les États-Unis, et les journaux du monopole ne se font faute de railler, à ce sujet, la législation américaine. Mais s’ils étaient sincères lorsqu’ils professent que nous devons nous suffire à nous-mêmes, et pourvoir directement à tous nos besoins par le travail national, assurément ils devraient reconnaître que cette politique, qui est bonne pour nous, est bonne pour les autres, et en saluer avec joie l’avènement parmi toutes les nations du globe. Mais les voilà qui invectivent les Américains parce qu’ils agissent d’après nos propres principes. (Applaudissements.) Eh bien ! qu’ils plaident notre cause au point de vue américain s’ils le trouvent bon. Nous les laisserons dans le bourbier de leur inconséquence. (Applaudissements.) Mais quelle a été l’occasion de ce tarif ? Nous ne devons pas perdre de vue que ce sont nos fautes qui nous ont fermé les marchés d’Amérique. Remontons jusqu’à 1833. À cette époque, une grande excitation existait aux États-Unis au sujet des droits élevés im-