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qu’une contribution sans représentation n’est autre chose qu’un vol. (Applaudissements.) Du reste, depuis notre essai malheureux de taxer nos colonies d’Amérique et la rupture qui en a été la suite, nous avons renonce à ce système. Mais comment donc se fait-il que nous n’en ayons pas moins continué à étendre les limites de notre empire colonial ? Comment se fait-il que nous ayons consenti à augmenter par là même, d’année en année, la somme de nos dépenses ? Peut-on pousser plus loin la folie ! — Les colonies n’ont pas gagné plus que nous à ce système. Comparez le Canada aux États-Unis, et vous aurez la preuve que les dépenses énormes que nous avons supportées pour entretenir les forces militaires de cette colonie, construire ses fortifications et ses places, soutenir ses établissements ecclésiastiques, n’ont contribué en rien à sa prospérité. J’ajoute que la situation présente du Canada nous prouve aussi que, quels que soient les bénéfices qu’une classe de sycophantes puisse réaliser en trafiquant des places de nos établissements militaires, quels que soient les avantages que les classes qui nous gouvernent retirent de ce système, en y trouvant des moyens de patronage, et trop souvent aussi, — dans les temps passés, — des moyens de corruption, néanmoins, il n’est ni de l’intérêt des colons, ni de l’intérêt du peuple de le maintenir. Je dis que ce système n’aurait jamais dû être maintenu, et qu’il ne doit pas l’être davantage. (Applaudissements prolongés.)

M. Cobden s’occupe ensuite de la colonie du Cap, qui a refusé de recevoir les convicts de la métropole. — Les colons nous menacent d’une résistance armée, — et ils ont raison ; — mais est-on bien fondé à prétendre que ces colons belliqueux ont besoin de 2,000 à 3,500 de nos meilleurs soldats pour se protéger contre les sauvages ? Ne sont-ils pas fort capables de se protéger eux-mêmes ? L’Australie aussi ne veut plus de nos convicts. En effet, de quel droit répandrions-nous notre virus moral parmi les populations des autres contrées ? Nos colonies ne sont-elles pas bien fondées à refuser de nous servir de bagnes ? Mais si elles ne peuvent même nous tenir lieu de prisons, pourquoi en ferions-nous les frais ? — M. Cobden s’élève encore contre la prise de possession d’un rocher sur la côte de Bornéo.