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charmés d’apprendre ce qui s’est passé au sein d’une assemblée représentant l’opinion d’une immense ville manufacturière de France : et quand vous voyez que de pareils sentiments sont applaudis comme ils l’ont été dans une assemblée française, comment voulez-vous croire, hommes de Manchester, que la France soit la nation de bandits que certains journaux vous dépeignent ? (Applaudissements.) Je ne veux pas dire qu’il n’y ait des préjugés à déraciner en France comme il y en a en Angleterre ; mais je dis qu’il ne faut pas chercher querelle à un petit nombre d’hommes à Paris, — d’hommes sans considération et sans influence en France ; — mais que nous devons tendre la main aux hommes dont je vous parlais tout à l’heure. (Applaudissements.)

Maintenant, je tâcherai de traiter avec vous d’une manière pratique et détaillée cette question des armements ; car c’est probablement la dernière fois que j’aurai à vous en parler, avant qu’elle ne soit portée devant la Chambre. C’est, je le répète, une question sur laquelle la masse des citoyens doit prononcer ; les hommes spéciaux n’ont rien à y voir. Je n’ai pas le dessein d’entrer dans les détails du métier ; je ne crois pas qu’il soit utile pour vous d’avoir la moindre connaissance pratique de l’horrible métier de la guerre. (Applaudissements.) Je veux seulement vous demander si, dans un état de paix profonde, vous autres contribuables, vous voulez vous décider à courir les risques de la guerre en gardant votre argent dans vos poches, ou bien si vous voulez permettre à un plus grand nombre d’hommes de vivre dans la paresse, en se couvrant d’une casaque rouge ou d’une jaquette bleue, sous le prétexte de vous protéger ? (Mouvement.) Pour moi, je crois que nous devons agir en toutes choses selon la justice et l’honnêteté, et partager la branche de l’olivier avec le monde entier ; et aussi longtemps que nous agirons ainsi, je veux bien courir les risques de tout ce qui pourra arriver, sans payer un soldat ou un marin de plus ! (Vifs applaudissements.) Mais ce n’est pas seulement la question de savoir si nous devons augmenter nos armements qu’il s’agit de décider. Vous avez déjà dépensé, cette année, 17,000,000 liv. st. en armements, et vous êtes très-