Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/487

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

desseins particuliers. (Écoutez ! écoutez !) Ce dont j’ai besoin d’abord de vous faire convenir, vous et le peuple anglais, c’est que la question qui nous occupe n’est ni une question militaire ni une question navale, mais que c’est une question qu’il appartient aux citoyens de décider. (Mouvements d’attention et applaudissements.) Lorsque nous sommes en guerre, les hommes qui portent l’habit rouge et l’épée au côté peuvent prendre le pas sur nous pour aller à leur besogne, — une besogne peu enviable et qu’un excellent militaire, sir Harry Smith, a très-heureusement caractérisée en disant « que c’était un damnable commerce. » Mais nous sommes maintenant dans une situation différente, et nous voulons recueillir les fruits du passé. Il faut donc que nous calculions nous-mêmes les probabilités d’une guerre. Je disais tout à l’heure que c’était une question du ressort des citoyens. C’est une question du ressort des contribuables, qui ont à soutenir de leurs deniers l’armée et la flotte. (Applaudissements.) C’est une question du ressort des marchands, des manufacturiers, des boutiquiers, des ouvriers et des fermiers de ce pays. Et j’en demande pardon à lord Ellesmere, mais c’est une question du ressort des imprimeurs de calicots aussi. (Applaudissements prolongés.) Quelles sont les chances de guerre ? D’où la guerre doit-elle venir ? Vous êtes, je l’affirme, plus compétents pour en juger que les hommes de guerre, vous êtes plus impartiaux, car, à tout événement, votre intérêt n’est pas du côté de la guerre. Et tout homme qui est en état de lire un livre renfermant une description de la France actuelle, tout homme qui est en état de lire une traduction d’un journal français, tout homme qui veut prendre la peine de consulter le tableau des progrès du commerce, des manufactures et de la richesse des Français, tout homme, dis-je, qui est en état d’étudier ces choses, est aussi compétent qu’un soldat pour juger des probabilités de la guerre. (Applaudissements.) J’ajoute qu’il n’y a aucune époque dans l’histoire de France où ce pays ait été plus qu’en ce moment disposé à embrasser une politique pacifique, particulièrement à l’égard de l’Angleterre. Le peuple français se trouve maintenant dans une situation qui doit l’éloigner de la guerre. Il a traversé une révolution